Dès le début notre aventure fut digne de cette grande course. Une fois arrivés sur le lieu du départ il ne faut pas perdre de temps pour les derniers préparatifs et réparations. Un réservoir à gasoil bricolé, les lessives, la nourriture, les papiers à la douane et la photo du départ ... C'est parti !
Le départ marche bien. Non-stop jusqu'aux Aves puisque les conditions sont bonnes. Et puis là ... Comme vous le savez, on a eu un peu de casse. Alors comme ces gars qui, à peine entrés dans le golf de Gascogne reviennent réparer à Brest, nous avons nous aussi fait un retour au stand, à Curacao.
Vu l'ampleur du chantier notre équipe technique est venu en renfort. D'abord Papé dont vous avez pu lire le compte-rendu sur ce blog, qui a du s'accrocher au rythme effréné et encaisser le stress d'un chantier pas toujours facile a mener. Puis Grand'Pa pour la mise à l'eau, la fin des travaux et la suite de la course.
Nous repartons avec un seul moteur en espérant pouvoir s'en faire livrer un neuf à Saint Martin. C'est après avoir fêté l'anniversaire d'Eole avec nos amis locaux que nous partons vers les Aves pour revoir la plage et le récif sur lequel nous avons échoué fin septembre.
Comme les conditions sont très calmes, nous décidons de partir tout de suite pour traverser la mer des Caraïbes vers le nord. De l'autre côté nous pourrons trouver des abris si le temps se gâte. Ce fut une lumineuse idée ! En effet si les 2 premiers jours ont été vraiment confortables, le troisième a bien changé de ton. Toujours au près serré, le vent est monté à 25 noeuds et les vagues se sont vite creusées.
Ce long bord de près nous a mené à Puerto Rico, où nous avons pu jeter l'encre en fin de journée, bien cachés dans une mangrove au pied des collines verdoyantes. Nous nous délectons de ces paysages verts qui nous manquaient beaucoup à Curacao.
A partir de là c'est une longue remontée au vent qui commence. Ponctuée par les grains, parfois assez violents pour nous arracher la girouette, la pêche, parfois un peu grosse avec ce vivaneau qui nous nourrira un bout de temps.
De virement en virement, d'île en île nous cherchons à nous protéger au mieux et jetons l'encre parfois pour nous baigner et dormir quelques heures. Cette navigation entre les Iles Vierges américaines et britanniques est superbe. Nous aimerions avoir du temps et pouvoir explorer ces paysages mêlant montagnes couvertes de végétation et lagons tropicaux. Cela donne un amusant mélange de montagne les pieds dans l'eau chaude tout à fait à l'image de ce guide en slip (préparant au mieux sa retraite) !
Après ces 2 phases de travaux (Curacao et Saint Martin) Samaya a pris un coup de jeune.
Nouveau moteur à babord, safrans et dérives refaites, liaisons de coques refaites, nouveau trampoline, nouvelles annexe, nouveau réservoir de gasoil, nouvelle chaine pour l'ancre,nouveau matelas à l'avant babord et bien sûr une multitude de petites réparations "qu'il fallait faire".
Alors après un dernier adieux aux iguanes du chantier nous repartons vers la Guadeloupe.
Le paysage des coulées de roches et de cendre est impressionnant. L'ancienne capitale a été en partie recouverte. Toute la zone est strictement interdite et la ville a été abandonnée tel quel. Un léger vent de terre nous fait glisser le long de ce décor de science fiction et nous apporte l'odeur de soufre du cratère.
Quelques amis nous attendent sur la ligne d'arrivée, à Baie Mahaut.
La fin d'une longue étape. Ce fut une course sans concurrents, mais sacrément éprouvante. Nous avons été au bout de nous même. Physiquement pour sauver le bateau, puis moralement (aussi) pour faire avancer le chantier.
Aujourd'hui nous y sommes et le bateau est prêt pour profiter des alizés et des lagons.
Bonnes fêtes à tous.