Il paraît qu’avant de partir, je dois écrire un rapport de
stage. Alors je m’y colle. Je l’aurais bien intitulé "Croisière à
sec", un nouveau concept imaginé par Samaya-Club, comme il y a des "ports
à sec" en France. Mais la notion de sec n’est pas vraiment appropriée à
la région, car soit il pleut des trombes, soit le temps est si chaud qu’on dégouline
de sueur. Dans les 2 cas, on est mouillé. Je change donc mon titre pour "Croisière sur quai".
Vous faîtes installer Samaya sur un quai, qui deviendra
votre résidence. Ici, ça s’appelle résidence Curaçao Marine. En faisant cette installation, veillez à ce
que le dessous du catamaran soit à plus de 2 mètres du sol, histoire de hauteur
sous barrot. Vous obtenez alors un duplex : en haut le Samaya ordinaire,
en bas un entresol de 6 mètres sur 4, abrité de la pluie et du soleil, qui va
devenir rapidement votre séjour – salle de loisirs. Entre 2 bougainvilliers en
fleurs, avec lézards et iguanes, c’est idyllique.
Le Samaya-Club a tout prévu pour votre confort et vos
loisirs. Ils ont une formule "logé, nourri, blanchi et surtout
chauffé" qui est tout à fait satisfaisante.
Le climat des Antilles du Sud est des plus tentant :
beau temps presque permanent, chaleur jour et nuit, excellente thérapie par
sudation. Pas besoin d’aller comme mes copains en balnéo et autre thalasso. La
cure "Croisière à sec" devrait être remboursée par la sécu. Et puis
si vous avez besoin d’un rafraichissement, vous pouvez toujours aller pousser
un caddy au supermarché. Eole est obligé de sauter d’un pied sur l’autre pour
éviter qu’ils ne gèlent.
Résidence Curaçao Marine vous assure du matin au soir une
ambiance musicale sophistiquée : au fond sonore des climatiseurs vient
s’ajouter le roulement de tambour du tracteur sortant les bateaux de l’eau. Il
y a les violons des ponceuses et les cuivres des disqueuses, parfois
accompagnés des percussions des marteaux. Il m’est même arrivé d’entendre le
chant d’un bel oiseau jaune !
L’hôtellerie et la restauration sont des plus correctes, assurées
par les patrons eux-mêmes. La Heineken est garantie 100% hollandaise, comme
plein de choses ici. Je n’ai pas vu la couleur de la fameuse liqueur bleue,
sans doute réservée aux banals touristes.
Quant au chantier, parlons-en. Tout est fait pour vous
occuper. Il y a un grand choix d’activités. Le plus noble est de travailler à
la restauration de la coque : couper de la fibre de verre, mélanger de
l’époxy, fabriquer de la « choucroute ». Les plus costauds sont
autorisés à manipuler la disqueuse, les plus habiles à poser les lès de fibres
de verre imprégnées. Pour les vieux, il y a des activités plus adaptées :
repeindre une table, changer une prise, ou des lattes … Pour ceux qui ont
besoin de fondre, je leur recommande le travail dans les compartiments moteur. Y
venir avec son éponge.
Bien sûr le sport n’est pas oublié. Pour la plage, vous avez
le choix entre plages de coraux (aïe les pieds), plages de sable blanc, plages
gratuites (parfois) et plages payantes, avec un dégradé de couleurs pour les
sympathiques familles, des plus noires aux plus blanches. Il y a aussi la
plongée : vous pouvez y participer 3 fois par jour, après chaque repas. Et
surtout il y a pour les randonneurs la merveilleuse sortie du soir, dite balade
des torchères, à travers les raffineries. Féérique !
Bien sûr, pour un grand-père, le bonheur, c’est surtout les
petits-enfants. Eole est assez occupé entre son école officielle avec sa maman
et ses nombreux bricolages avec son papa. Mais avec un peu de chance, il vous
accorde 1 ou 2 parties de jeux de société : l’un avec une voiture de
voleurs, l’autre avec des menteurs, que du beau monde. Et puis de belles
séances de natation avec masque et tuba. Inusable.
Quant à la princesse, elle est ravissante avec son collier
de boutons autour du cou (et ailleurs aussi). Elle m’a permis de passer mon
diplôme de surveillant de baignade, quand elle est 2 fois par jour dans sa
caisse avec ses 5 canards. Nous avons aussi fait quelques belles balades avec
la poussette tous les deux.
Pour donner un rythme au séjour, les responsables du
Samaya-Club organisent des sorties, de l’ordre d’une par semaine. C’est ainsi
qu’un midi nous sommes allés déjeuner à la "Cantina". Nous étions environ 200, par table de 6, dans
un hall aux murs ajourés pour le courant d’air. Des "Mamas" nous
servent de belles portions de poulet, bœuf ou poisson, avec purée ou riz. C’est
tout à fait sympathique. Et à la sortie, Gig et Lib vous offrent un Batido :
fruits broyés avec des glaçons et quelques autres sucreries. Un fabuleux
dessert.
Hier soir, sortie encore plus originale : pique nique
sur annexe, en nocturne, avec visite des quais à touristes, des pétroliers et autres
porte-containers, le tout agrémenté d’un véritable échange avec une unité de
gardes côtes. Vraiment de l’authentique, comme les grands clubs ne peuvent vous
en offrir.
Il ne faut peut-être pas que je sois trop long. Je vais donc
conclure. Pour ma part, je termine un CDD de 3 semaines. J’ai appris que Luc
allait me succéder. Plus ambitieux, il s’engage pour un CDI.
Si d’autres amis voulaient profiter de cette formule "croisière sur quai", qu’ils se fassent connaître rapidement. Les
responsables pourraient peut-être les accueillir, quitte à retarder un petit peu
la livraison du moteur bâbord !!!
Je vous embrasse. Jean-Michel, dit Papé.