9 octobre 2013

Récit de 36 heures de navigation en mer




Dimanche 7 octobre à 19 heures

Départ d’Alméria. C’est décidé, on part franchir Gibraltar. Fini la Méditerranée, on veut voir l’Atlantique !
Ca fait une semaine que l’on a le vent dans le nez et que l’on attend que ça bascule. C’est chose faite. Vent d’Est soutenu jusqu’à jeudi.
Laurent et Cyril nous ont rejoints samedi et sont prêts pour le grand large.
Au repas du soir, barbeuk de côtes de porc pour se donner de l’énergie. On mange, on couche les enfants et on organise les quarts pour la nuit. Dans l’ordre, ça sera Laurent, Cyril, Libé, Gaelle et Ben pour le lever du jour. Chacun 2h à surveiller le vent, les voiles, le « rail » (qui canalise le passage des gros cargos) et le sommeil des autres.
Enfin sommeil, c’est vite dit ! Pas facile de fermer l’œil. Ca bouge, on entend la houle gronder sous le carré, les voiles claquer, le bateau grincer. C’est toujours plus impressionnant en bas dans les cabines que dehors à la barre. Petit à petit, on s’habitue aux bruits et le sommeil gagne.
A chaque quart, le capitaine fait un point et donne ses consignes, la première étant de réveiller Gireg à la moindre interrogation.
Au matin, le bateau a bien avancé. Nous, voilà au milieu de la Méditerranée, pile entre l’Espagne et le Maroc dans l’axe du détroit. C’est là que l’on prend le mieux le vent. On passe la journée à tirer des bords vent arrière pour se rapprocher de Gibraltar. On croise des mégatankers, des pétroliers, des ferries, dans un sens et dans l’autre, mais aussi des dauphins qui viennent jouer dans les vagues à l’avant du bateau.
Gireg se transforme en chef cuisto pour maintenir les troupes en forme : pain perdu, pizza…
Pour les autres, on gére les 5 F, facteurs du mal de mer : faim, fatigue, frousse, froid et f’oif, sans oublier les enfants qui débordent d’énergie même en navigation. On s’en sort pas mal ! La nav’ se passe bien.
Le soleil se couche, la nuit tombe, les quarts reprennent avec pour chacun leurs temps forts. Vers 23h30, le fameux rocher de Gibraltar se dégage à l’horizon dans la nuit. Samaya poursuit sa route en slalomant entre les cargos dans le détroit. Un banc de dauphins phosphorescents nous accompagne pendant 1h30. Ensuite, le bulletin météo annonce de fortes rafales alors que sur Samaya, c’est le calme plat. Et d’un coup, le bateau s’emballe, on s’empresse d’affaler le spi. Sous gran’voile seule, on surfe encore à 14 noeuds. Arrivée sportive au mouillage de Tarifa à 3 heures du matin.
Tout le monde se retrouve autour d’une tisane pour débriefer calmement avant de se coucher. On s’endort en écoutant les haubans s’agiter. Dehors, ça souffle fort, on est bien sous la couette.